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MMA

Francis Ngannou : « Avec le regard d’aujourd’hui, j’ai eu une enfance nécessaire »

Samy Izabachene
Francis Ngannou : « Avec le regard d’aujourd’hui, j’ai eu une enfance nécessaire »DAZN
C’est l’un des combats les plus attendus de cette fin d’année. Francis Ngannou, absent de l’octogone depuis deux ans, fera son retour ce samedi 19 octobre à Riyad, en Arabie saoudite, contre Renan Ferreira. Ngannou, c’est l’histoire d’un homme qui a toujours su déjouer les pronostics. Il revient de loin et pourtant, ce parcours semé d’obstacles est ce qui forge aujourd’hui sa force. « C’est dans ce décor que la personne que je suis aujourd’hui a été forgée », confie le combattant à DAZN.

Samedi, il retrouvera l’octogone face au géant brésilien Renan Ferreira. « C’est un striker. Une opposition de strikers. Ça va être absolument fou, analyse Mark Chavet, commentateur MMA. Godzilla contre King Kong. » Francis Ngannou, à 38 ans, se relève de deux défaites en boxe. « Il a été blessé. Il sort d’une défaite brutale, un KO contre Anthony Joshua », rappelle Bret Okamoto, journaliste spécialiste des arts martiaux mixtes.

Une enfance marquée par les privations

Avant de connaître le succès, Ngannou a vécu une enfance difficile à Batié, dans l’ouest du Cameroun. « Mon enfance à Batié n’était pas facile. On n’avait pas toujours de quoi manger deux ou trois fois par jour, ni des vêtements ou une scolarité assurée, raconte-t-il avec émotion. Ce fut un challenge. » Malgré ces obstacles, il n’a jamais perdu de vue son objectif.

DAZN a rencontré sa mère, Thérèse, qui se souvient : « Même la nuit, il parlait toujours de boxe. Il disait : ‘Je serai un grand boxeur’. » Pour Francis, se battre était plus qu’une passion, c’était une échappatoire.

La force d’un rêve

Le destin de Francis Ngannou a été façonné par les défis. Très tôt, ses parents se séparent, et il est placé en famille d’accueil. « Je n’ai jamais vécu avec Francis pendant un mois d’affilée, même pas une semaine », se rappelle Christian, son petit frère.

Cette instabilité, il en a fait une force. « Avec le regard d’aujourd’hui, j’ai eu une enfance nécessaire. J’ai très vite compris les rouages de la vie. Cela m’a permis de me réaliser, révèle Francis. J’ai été forgé par ces difficultés. »

Ngannou a grandi en refusant de suivre la réputation de violence de son père. « Les gens résolvaient leurs problèmes avec des coups de poing. Mon père était connu pour ça, mais je ne voulais pas m’associer à cette image. » Cette volonté de se démarquer a été le moteur de son parcours. « Mon succès repose sur ma conviction. J’étais convaincu que quelque chose allait arriver et que je ferais tout pour que cela se réalise », affirme-t-il.

Du sable au ring

À 9 ans, Francis travaille déjà dans une carrière de sable. « Il n’y avait pas d’autre choix », raconte-t-il. À 13 ans, il décide de devenir boxeur professionnel. Cette décision marquera le début de son ascension.

Pour atteindre ses objectifs, il quitte le Cameroun et traverse l'Afrique du Nord, passant par l’Algérie et le Maroc, souvent au péril de sa vie. Sans aucune garantie, il espère simplement l’aide de la Croix-Rouge. « Pour moi, il était hors de question de revenir en arrière », se souvient-il.

La découverte des arts martiaux mixtes

Une fois arrivé en Europe, Ngannou découvre les arts martiaux mixtes (MMA). « Je n’avais aucune idée de ce que c’était, dit-il en riant. On mélange boxe, lutte, grappling… C’était bizarre pour moi. » Mais il apprend vite. Son ascension culmine avec une victoire contre Cyril Gane pour le titre de champion des poids lourds de l’UFC. « Devenir champion, c’était comme une revanche sur la vie. »

Les épreuves et la résilience

Après son départ de l’UFC, Ngannou signe au PFL et se lance en boxe. Il affronte Tyson Fury, le mettant même au sol avant de perdre par décision partagée. Contre Anthony Joshua, il encaisse un KO brutal dès le deuxième round. « Face à un mec comme Joshua, tu sais que tout peut arriver. C’est le sport », admet-il. Mais au-delà du ring, la vie a réservé des épreuves bien plus dures à Francis.

Le 27 avril dernier, il perd son fils, Kobe, âgé de 15 mois. « C’est facile de combattre les autres, mais le plus dur, c’est le combat contre soi-même. » Cet événement tragique a presque poussé le Predator à la retraite. « Après ça, j’ai pensé à me retirer. Mais ce n’était pas la meilleure façon d’honorer la mémoire de mon fils. »

Renan Ferreira, un nouveau défi

Samedi, Francis Ngannou affrontera Renan Ferreira, un adversaire redoutable. « Avant de signer avec le PFL, j’avais déjà vu Renan en action. Combattre un homme de cette taille m’a toujours intéressé. » Avec ses 2,03 mètres et ses 13 victoires (dont 11 par KO), le Brésilien est sur une série de quatre victoires consécutives.

Sa plus récente victoire contre Ryan Bader en seulement 21 secondes par TKO témoigne de sa puissance. Pour Ngannou, c’est une nouvelle occasion de montrer sa détermination. Malgré ses récentes défaites en boxe, il reste un combattant redouté avec 17 victoires pour 12 KO.

Francis Ngannou, c’est l’histoire d’un homme qui a défié les probabilités, traversé la Méditerranée pour chercher une vie meilleure, et a conquis le monde du MMA. Il se bat aujourd’hui avec une motivation plus forte que jamais : honorer la mémoire de son fils et prouver, une fois de plus, qu’il peut surmonter tous les obstacles.